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Dans une tentative de retourner sur la scène politique iranienne, Mahmoud Ahmadinejad a lancé son propre compte Twitter. Ecarté de la présidentielle, en mai, il soutient la candidature de son ancien vice-président exécutif, Hamid Baghaie.
Depuis quelques jours, l’ancien président, l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, entame un retour impressionnant sur la scène médiatique et politique. Dimanche 5 mars, il a ouvert son compte Twitter officiel, réseau pourtant bloqué en Iran depuis 2009, à la suite d’une vague de protestation contre sa réélection, en juin 2009. « Mari, père, grand-père, professeur à l’université, président, maire, Iranien fier », peut-on lire dans sa biographie sur Twitter, une présentation à l’américaine, alors qu’en Iran, on ne partage guère de détails sur sa vie privé.
Dans une vidéo, publiée sur les réseaux sociaux le même jour, l’ex-président (2005-2013) s’exprime en anglais et invite les internautes à le suivre, tout en ajoutant : « C’est moi. Paix et amour! Meilleurs vœux ! » Dans un plus récent Tweet, il a appelé les êtres humains à « s’aimer ».
— Mahmoud Ahmadinejad (@Ahmadinejad1956) March 5, 2017
Alors que, quelques jours plus tôt, Mahmoud Ahmadinejad avait annoncé ne soutenir aucun candidat à l’élection présidentielle du 19 mai, dimanche 5 mars, il a paru dans une vidéo à côté de son ancien vice-président exécutif, Hamid Baghaie, lui candidat à la présidentielle. Mahmoud Ahmadinejad ne pourra pas se représenter, à la suite d’une intervention, en septembre 2016, du Guide suprême, Ali Khamenei, qui pensait que cette candidature pouvait « polariser » la société iranienne et qu’elle était contraire aux intérêts du pays. Les deux hommes s’étaient éloignés pendant le deuxième mandat du président lorsque ce dernier a voulu tenir tête à Ali Khamenei sur différents sujets.
Dans cette vidéo, les deux hommes sont en compagnie de l’ami proche de Mahmoud Ahmadinejad et son bras droit, le très polémique Esfandiar Rahim-Mashaie, dont la candidature a été rejetée à la dernière présidentielle, en juin 2013, en raison de ses positions peu orthodoxes sur l’islam. Les trois hommes parlent longuement de « la culture iranienne », du grand poète et de l’auteur du « Livre des rois » en persan, Ferdowsi, et de la nécessité de « l’audace » pour qu’un homme puisse « se sacrifier » pour Dieu et pour son peuple. Ensuite, pour célébrer la Journée nationale de la défense de l’environnement, les trois hommes ont planté un arbre dans la cour de l’université « Les Iraniens », fondée par Mahmoud Ahmadinejad, qui n’a jamais ouvert ses portes.
Alors que Hamid Baghaei a été arrêté en juin 2015 et qu’il a passé sept mois en prison, il est très peu probable que sa candidature soit retenue par le Conseil des gardiens de la Constitution, en charge de vérifier le degré de religiosité et de foi en République islamique d’Iran des candidats. Hamid Baghaie a été accusé de « corruption » et d’avoir entretenu des « relations extraconjugales » avec sa professeure d’anglais, qu’il a nommée au Musée national iranien.
Selon le porte-parole de la justice iranienne, le dossier de Hamid Baghaie est toujours ouvert et il attend son verdict.
Les espoirs douchés de l’accord nucléaire
A quelques semaines de la présidentielle, les conservateurs (« les principalistes » selon l’expression en persan) qui s’opposent au président Hassan Rohani pensent avoir une chance, notamment en raison des espoirs douchés de l’accord nucléaire, conclu en juillet 2015 avec les grandes puissances et ayant permis la levée partielle des sanctions contre Téhéran. Bien que Hassan Rohani ait promis une reprise rapide de l’économie après l’accord, les Iraniens sont nombreux à dire que leur niveau de vie, au contraire, s’est dégradé.
Même dans cette situation favorable aux conservateurs, ils sont très loin de se mettre d’accord sur un unique candidat. Hamid Baghaie, par exemple, ne bénéficie pas du soutien d’un très grand nombre de conservateurs qui suivent à la lettre les ordres du Guide suprême et qui ont tourné le dos à Mahmoud Ahmadinejad, et par extension, à ses proches.
Un candidat unique pour le camp conservateur
A la fin de l’année 2016, un grand groupe, le Front populaire des forces de la révolution islamique, constitué de 3 000 hommes et femmes, tous farouches critiques de la politique d’ouverture du président Rohani, a vu le jour. Le but du Front est de choisir, par un vote interne, un seul candidat, pour ne pas disperser les votes. Une mission qui paraît plus qu’improbable, vu les déclarations de certains membres qui s’opposeraient à ce mécanisme si leur nom ou celui de leur candidat favori n’était pas retenu à la fin du processus.
Le Front populaire des forces de la révolution islamique a d’ores et déjà rendu publique une liste de 21 personnalités les plus populaires du camp conservateur. Sur sa liste figurent le maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, et l’ancien négociateur en chef sur le dossier nucléaire sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, Saïd Jalili.
Le maire de Téhéran, lui, a déjà tenté sa chance, en 2005 et 2013, où il est arrivé en deuxième position après Hassan Rohani, avec 16% des voix. Aujourd’hui, Mohammad Bagher Ghalibaf est particulièrement affaibli, notamment à cause de sa mauvaise gestion de l’incendie d’une tour, en janvier, à Téhéran, dans lequel seize pompiers sont morts. Saïd Jalili, connu pour son opposition à l’accord sur le nucléaire et ses critiques du président Rohani, qui aurait fauté en faisant confiance à l’Occident, avait, à la présidentielle 2013, essuyé un échec cuisant avec 11% des voix seulement.
L’émergence d’une nouvelle figure dans le camp conservateur
Selon certains médias iraniens, le nom qui a obtenu la majorité des voix lors de cette grande réunion est pourtant celui de l’ancien haut responsable du système judiciaire, Seyyed Ebrahim Raisi. Depuis un an, ce membre du clergé est, à l’ordre du Guide suprême, le directeur d’Astan Ghods Razavi, la très riche fondation, en charge, entre autres, du mausolée du huitième imam chiite, Reza, à Machhad, dans le nord-est de l’Iran.
Le Front populaire des forces de la révolution islamique devra, en avril, annoncer une liste de dix personnes. Ceci alors que le très puissant et influent Parti de la coalition islamique, Motalefeh, a présenté son propre candidat, Mostapha Mirsalim, ancien ministre de la culture et de l’orientation islamique, entre 1993 et 1997.
Les semaines avant la présidentielle s’annoncent difficiles pour le camp conservateur, où les divisions ne cessent de s’intensifier. Comme l’a expliqué le célèbre ayatollah Makarem Shirazi, un leader du camp conservateur, « si les principalistes arrivent à présenter un seul candidat, nous pourrons avoir de l’espoir quant à l’issue de la présidentielle. Sinon, soyez sûrs qu’aucune victoire ne sera obtenue. »